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Cannabidiol Pharma 5 : Face à l'enthousiasme, les médecins adoptent la retenue

Hier 14:00
Cannabidiol Pharma 5 : Face à l'enthousiasme, les médecins adoptent la retenue

Le lancement du Cannabidiol Pharma 5, premier médicament à base de cannabis thérapeutique fabriqué au Maroc, a soulevé un vent d'optimisme. Développé pour traiter l'épilepsie, ce remède promet d'apporter un soulagement aux patients souffrant de formes résistantes de la maladie. Toutefois, malgré l'engouement généré par cette innovation, les médecins spécialisés font preuve de prudence et préfèrent observer avant de se prononcer.

Une avancée significative pour la médecine marocaine

Le Cannabidiol Pharma 5 est le fruit de trois années de travail intensif et d'une loi (N°1321) régissant l'usage du cannabis thérapeutique. Ce médicament est entièrement fabriqué au Maroc, de la culture du cannabis à la production du médicament fini, avec l’implication d'une équipe locale de recherche et développement. Pour Abdelmoumen Mahly, directeur de l'Innovation et de la R&D, il s'agit d'un « double sujet de satisfaction » : non seulement le pays fait un grand pas en avant dans l’intégration de cette filière, mais il voit également émerger un produit 100 % marocain destiné à répondre à un besoin de santé publique.

L'enthousiasme se manifeste également du côté des patients, notamment ceux souffrant d’épilepsie réfractaire. Le médicament, qui vise spécifiquement environ 100 000 patients au Maroc, pourrait ainsi changer la donne. Ce soulagement serait d’autant plus apprécié que le médicament de référence, l'Epidiolex, n'est pas disponible dans le pays.

Des médecins prudents face à l'euphorie

Pourtant, du côté des médecins, l'accueil est plus mesuré. La Dr Zahra, neurologue à Casablanca, souligne qu'il est crucial d'observer les effets du médicament avant de le prescrire systématiquement. Selon elle, le traitement des pathologies, notamment l'épilepsie, est une démarche individualisée qui ne peut se faire à la légère. Un avis partagé par Dr Karim Rabii, qui considère que bien que ce médicament puisse offrir une solution, il n'apporte pas une révolution dans le traitement des formes résistantes d'épilepsie. Actuellement, de nombreuses combinaisons médicamenteuses existent et sont utilisées pour ajuster le traitement au cas par cas.

Les professionnels de la santé, dans leur grande majorité, attendent des données cliniques supplémentaires pour mieux évaluer l'efficacité du Cannabidiol Pharma 5. Pour ces spécialistes, il est primordial de s'assurer de la sécurité du médicament avant de l'intégrer dans les protocoles de traitement. Les informations sur les essais cliniques et les effets secondaires potentiels doivent être disponibles pour garantir un usage sécurisé et responsable.

L'épilepsie : un problème de santé publique croissant

L’épilepsie, l'une des pathologies neurologiques les plus fréquentes au Maroc, reste une problématique de santé publique majeure. La Dr Zahra mentionne que la fréquence des consultations pour épilepsie dans les cabinets de neurologie en fait une priorité. De plus, la montée en flèche des cas secondaires, notamment liés à l’utilisation excessive des écrans, suscite des inquiétudes parmi les professionnels de santé. La Dr Karim fait référence à une nouvelle forme d’épilepsie associée aux radiations émises par les téléphones portables et autres dispositifs électroniques, ce qui complique davantage le traitement.

Le chemin à parcourir

Si le Cannabidiol Pharma 5 marque un tournant dans la médecine marocaine, il reste encore beaucoup à faire. Les autorités sanitaires, ainsi que les professionnels de santé, devront continuer à surveiller de près les résultats cliniques pour garantir l'efficacité et la sécurité du médicament. Il est donc essentiel que les médecins disposent de toutes les informations nécessaires pour prendre des décisions éclairées.

En attendant, le Maroc se rapproche de plus en plus de la souveraineté sanitaire dans le domaine du cannabis thérapeutique. Le Cannabidiol Pharma 5 pourrait être un levier stratégique dans cette dynamique, mais son véritable impact sur les patients et sur la communauté médicale reste encore à déterminer.


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