Racisme et violences policières : l’ONU dénonce l’impunité généralisée à l'échelle mondiale
Dans un rapport accablant publié début octobre, un groupe d’experts mandaté par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies met en lumière l’ampleur de l’impunité entourant les abus policiers de nature raciste. Le document, fruit de plusieurs enquêtes et témoignages, souligne que les Africains et les personnes d’ascendance africaine continuent d’être victimes de violations des droits humains par les forces de l’ordre, sans que des mesures efficaces soient prises pour leur offrir justice.
Un constat alarmant d’impunité mondiale
Selon le rapport, les forces de l’ordre sont régulièrement impliquées dans l’usage excessif de la force à l’encontre des populations d’origine africaine, tandis que les mécanismes de reddition des comptes, de justice et de réparation restent largement défaillants. Les auteurs estiment que les victimes peinent à obtenir des réponses adéquates à leurs revendications, qu’il s’agisse de justice, de réparations, ou de garanties pour empêcher la répétition de ces abus.
Akua Kuenyehia, présidente du Mécanisme international d’experts indépendants créé par l’ONU pour promouvoir la justice raciale et l’égalité dans le cadre des forces de l’ordre, explique que « le racisme systémique à l’égard des Africains et des personnes d’ascendance africaine reste profondément ancré dans de nombreux systèmes de justice pénale à travers le monde ». Elle déplore que l’impunité généralisée persiste dans ces cas de violences, ce qui accentue le climat de méfiance et de discrimination.
Des recommandations tournées vers l’action
Le rapport ne se contente pas de dresser un constat, il propose également des mesures concrètes pour remédier à la situation. Tracie Keesee, une autre experte du Mécanisme, souligne que les victimes de ces abus rencontrent des obstacles à chaque étape de leur quête de justice. Elles font face à des systèmes judiciaires et policiers qui ne reconnaissent pas ou peu les torts subis, et les démarches pour obtenir réparation sont souvent longues et inefficaces. C’est dans ce contexte que le rapport émet une série de recommandations précises visant à instaurer des mécanismes de surveillance, de plainte et de réparation efficaces.
Parmi les recommandations phares, le rapport préconise la mise en place d’organismes civils indépendants pour surveiller les forces de l’ordre et garantir une enquête impartiale sur les abus. Il appelle aussi à des procédures de signalement simplifiées et accessibles, ainsi qu’à des mécanismes pour soutenir les victimes, afin qu’elles puissent obtenir justice sans crainte de représailles.
Víctor Rodríguez Rescia, membre du Mécanisme d’experts, insiste sur l’urgence de réformer ces institutions : « Cela aurait dû être fait depuis longtemps. Il est temps que les États investissent dans des institutions solides pour assurer la justice, la responsabilité et la réparation des victimes. Les États ont l’obligation de garantir une réparation rapide, adéquate et efficace pour les victimes. »
Racisme systémique au Brésil et en Italie
Le rapport s’attarde sur deux études de cas : le Brésil et l’Italie, où le racisme envers les personnes d’ascendance africaine est particulièrement préoccupant.
Au Brésil, les Afro-Brésiliens sont nettement plus susceptibles d’être ciblés par les forces de l’ordre. Le rapport révèle que ces populations sont trois fois plus susceptibles d’être tuées par la police, une situation directement liée à un usage systématique du profilage racial. Les experts décrivent un racisme institutionnalisé qui se manifeste par des violences policières récurrentes, des arrestations arbitraires, et une surreprésentation des Afro-Brésiliens dans les statistiques de brutalités policières.
L’Italie, quant à elle, est également pointée du doigt pour son usage fréquent du profilage racial dans les pratiques policières. Le rapport souligne que les Africains et les personnes d’ascendance africaine sont surreprésentés dans le système judiciaire italien, ce qui indique des biais structurels dans l’application des lois. Là encore, les victimes de violences policières peinent à obtenir justice, et le rapport insiste sur la nécessité de réformes urgentes pour renforcer la transparence et la responsabilité des forces de l’ordre.
Un appel pressant à l’action
Ce rapport intervient dans un contexte mondial où les questions de violences policières et de racisme institutionnel continuent de dominer le débat public. Depuis le meurtre de George Floyd aux États-Unis, les manifestations contre les violences policières se sont multipliées dans plusieurs pays, révélant une demande croissante de justice raciale.
L’ONU espère que ce rapport servira de catalyseur pour des réformes profondes au sein des forces de l’ordre à travers le monde. Les experts rappellent que les États ont le devoir non seulement de reconnaître l’existence de ces abus, mais aussi de mettre en place des structures qui garantiront que les victimes de violences policières ne soient plus ignorées ou réduites au silence.
Enfin, le rapport de l’ONU constitue un appel pressant à l’action. Il rappelle que, sans justice, la répétition des abus policiers à caractère raciste reste inévitable, et l’impunité qui les entoure ne fait qu’aggraver les inégalités et les tensions raciales dans de nombreux pays.
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