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Afghanistan : les talibans coupent la fibre et isolent des régions entières
Depuis deux jours, les habitants de plusieurs provinces afghanes vivent au ralenti. Sur ordre de l’émir Hibatullah Akhundzada, chef suprême des talibans, l’internet par fibre optique a été coupé dans le nord comme dans le sud du pays, notamment à Balkh, Takhar, Badakhshan, Kandahar, Helmand et Uruzgan. Officiellement, cette mesure vise à « empêcher le vice » et à lutter contre la « corruption morale », mais sur le terrain, elle fragilise les communications et paralyse des pans entiers de l’économie locale.
Dans les villes concernées, les habitants ne disposent plus que d’un réseau téléphonique intermittent, insuffisant pour travailler ou communiquer correctement. Les entrepreneurs s’alarment déjà des conséquences. « Si on ne répond pas à temps aux emails de nos clients à Dubaï et en Inde, on perdra des contrats », témoigne Atta Mohammed, industriel du marbre à Kandahar. « Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. »
La fibre optique, déployée depuis les années 2000 sur près de 9 350 km, avait été présentée par les précédentes autorités comme un levier pour sortir le pays de l’isolement et stimuler le développement économique. En 2024 encore, Kaboul faisait de la connectivité une « priorité nationale ». La décision des talibans apparaît comme un brusque retour en arrière, symbole de leur vision ultra-rigoriste de la société.
Dans certaines provinces, les autorités locales annoncent déjà que cette mesure pourrait être étendue à tout le territoire « dans les jours à venir ». Officiellement, le ministère des Télécommunications reste silencieux, tandis que les talibans continuent d’utiliser les réseaux sociaux pour relayer leurs messages officiels, accentuant le sentiment d’injustice chez une population privée de son principal outil de communication.
Pour les Afghans, cette coupure de la fibre est bien plus qu’une simple restriction technique : elle sonne comme un nouvel enfermement. Dans un pays en quête de stabilité et déjà confronté à une crise économique profonde, chaque jour sans internet éloigne un peu plus les entrepreneurs, les étudiants et les familles du reste du monde.