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Blocus jihadiste : un répit fragile s’installe dans la capitale malienne
Après plusieurs semaines de pénuries sévères ayant paralysé de larges pans de l’économie malienne, la situation commence à s’alléger à Bamako grâce à l’arrivée de nouveaux convois de carburant escortés par l’armée. Cette amélioration reste toutefois précaire, alors que de nombreuses régions du sud et du centre demeurent sous blocus jihadiste.
Depuis le mois de septembre, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, mène une stratégie visant à étrangler l’économie en ciblant les convois de carburant sur les axes reliant le Mali au Sénégal et à la Côte d’Ivoire, deux routes cruciales pour l’approvisionnement du pays. Dans une vidéo diffusée fin octobre, le groupe armé avait désigné les routes autour de Bamako comme des « zones de guerre ».
Au cours des derniers jours, plusieurs convois placés sous protection militaire ont réussi à atteindre la capitale. Cela a permis la réouverture progressive des écoles et universités et un certain retour de l’activité économique, bien que les stations-service continuent à fonctionner de manière intermittente. D’après une source sécuritaire, environ 110 stations sur plus de 700 seraient en mesure d’opérer, souvent de façon irrégulière.
Cependant, la situation demeure beaucoup plus critique en dehors de Bamako. Les villes de Mopti et Bandiagara sont privées d’électricité depuis près d’un mois, faute de carburant pour alimenter les centrales locales. À Dioïla, aucune station n’a été approvisionnée ces dernières semaines. Des citernes viennent d’arriver à Ségou et Sikasso, mais l’approvisionnement reste insuffisant, et les habitants ne disposent parfois que de 8 heures d’électricité par jour.
Cette crise survient alors que la junte au pouvoir, issue du coup d’État de 2021, est déjà fragilisée par l’isolement diplomatique et par l’effritement de son contrôle territorial. De vastes zones sont désormais hors de l’autorité effective de l’État, selon plusieurs experts.
Face à la dégradation de la situation, les États-Unis et le Royaume-Uni ont retiré leur personnel non essentiel, tandis que plusieurs ambassades, dont celle de la France, ont recommandé à leurs ressortissants de quitter le pays. Le président de la Commission de l’Union africaine a pour sa part appelé à une action internationale urgente.
Pour l’heure, les observateurs jugent improbable une prise de Bamako par les groupes jihadistes, qui ne disposeraient ni de la capacité militaire, ni d’un projet de gouvernance applicable. Toutefois, leur objectif déclaré reste la chute de la junte et l’instauration d’un ordre politico-religieux par la force.
Le répit observé à Bamako apparaît donc comme temporaire. La stabilité de la capitale dépendra de la continuité des convois, de la sécurisation des routes commerciales et d’un engagement diplomatique régional élargi — dans un contexte sahélien où chaque jour compte.