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Crise politique en Turquie : la justice frappe à nouveau le parti d’opposition CHP

Samedi 05 Juillet 2025 - 09:50
Crise politique en Turquie : la justice frappe à nouveau le parti d’opposition CHP
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La tension politique s’intensifie en Turquie. Trois maires issus du Parti républicain du peuple (CHP), principale force d’opposition au président Recep Tayyip Erdogan, ont été arrêtés samedi dans le cadre d’une enquête pour corruption que leur parti dénonce comme une manœuvre politique visant à fragiliser l’opposition.

Ces interpellations surviennent dans un climat déjà explosif, quelques mois après la destitution et l’incarcération d’Ekrem Imamoglu, ancien maire d’Istanbul et figure majeure du CHP, pressenti comme rival direct d’Erdogan pour la présidentielle de 2028. Son arrestation, sur fond d’accusations de crime organisé, avait déclenché en mars dernier des manifestations massives et les pires troubles civils depuis 2013.

Ce samedi, Zeydan Karalar (Adana), Muhittin Bocek (Antalya) et Abdurrahman Tutdere (Adiyaman) ont été placés en détention. « Nous ne nous inclinerons pas devant l’injustice », a réagi Mansur Yavas, maire CHP d’Ankara, dénonçant une justice « à deux vitesses » instrumentalisée par le pouvoir.

Cette vague d’arrestations intervient après l’ouverture d’une enquête nationale sur des soupçons de corruption dans plusieurs villes bastions de l’opposition, notamment à Izmir, où plus de 120 personnes ont été arrêtées en début de semaine. Les accusations vont de truquage d’appels d’offres à détournement de fonds publics, tandis que certains élus sont également poursuivis pour des faits liés à leurs mandats antérieurs.

Le parti pro-kurde DEM, troisième force politique au parlement, s’est joint aux critiques, dénonçant « une persécution ciblée des élus » et avertissant que la non-reconnaissance de la volonté populaire aggrave les divisions dans la société turque. Ironie du sort, ce même parti a récemment coopéré avec le gouvernement dans les négociations de paix avec le PKK, qui ont permis la suspension du conflit armé en mai dernier, après des décennies de violences.

Dans cette atmosphère tendue, un tribunal d’Ankara examine également une affaire impliquant Ozgur Ozel, l’actuel chef du CHP, accusé de fraude électorale lors des primaires internes de 2023. Une décision défavorable pourrait remettre en cause sa légitimité à la tête du parti.

À mesure que s’approche l’échéance présidentielle de 2028, l’opposition turque voit s’accumuler les entraves judiciaires et les pressions institutionnelles, dans ce qui s’apparente à une campagne d’asphyxie politique orchestrée par le pouvoir en place. Alors que la rue gronde à nouveau et que la scène politique se polarise, la Turquie entre dans une phase d’incertitude où les équilibres démocratiques semblent de plus en plus fragiles.



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