-
19:19
-
13:45
-
13:22
-
10:44
-
21:30
-
20:10
-
19:10
-
14:10
-
11:41
Suivez-nous sur Facebook
Cybersécurité au Maroc : l’IA, nouvelle arme des fraudeurs en ligne
Le Maroc fait face à une recrudescence inquiétante des fraudes numériques, dopées par l’intelligence artificielle (IA). Experts et chercheurs en cybersécurité tirent la sonnette d’alarme, soulignant que le royaume traverse un moment charnière, marqué par une sophistication croissante des attaques en ligne.
Selon plusieurs spécialistes interrogés, les méthodes traditionnelles SMS frauduleux ou liens suspects ne suffisent plus à décrire l’ampleur du phénomène. Les criminels s’appuient désormais sur l’IA générative pour créer des arnaques complexes : deepfakes, usurpation d’identité ou ingénierie sociale exploitant des données publiques brouillent la frontière entre le réel et le fictif.
Un rapport récent de Microsoft confirme cette tendance : le Maroc, comme le reste de l’Afrique du Nord, est devenu une cible privilégiée. Les outils basés sur l’IA, facilement accessibles et peu coûteux, offrent aux escrocs un arsenal « très avancé, simple à utiliser et disponible pour le grand public ».
Pour Taïeb Hezzaz, expert en cybersécurité, cette montée des risques repose sur trois facteurs principaux. Le premier est l’accélération des technologies d’IA, permettant de générer des vidéos truquées ou de cloner des voix sans compétences particulières. Le second concerne la transformation numérique du pays, avec des services en ligne bancaires et administratifs de plus en plus exposés. Enfin, un déficit de sensibilisation des utilisateurs rend certaines victimes incapables de distinguer un contenu réel d’un contenu fabriqué.
Bank Al-Maghrib a régulièrement alerté sur des arnaques sophistiquées imitant les communications officielles des banques. Malgré cela, le Maroc reste reconnu par Interpol pour son modèle sécuritaire et sa vigilance numérique.
Pour Hezzaz, la situation exige un cadre juridique clair encadrant l’usage de l’IA, notamment dans la production audiovisuelle. Il préconise la mise en place de mécanismes robustes de vérification de l’identité numérique, de détection des deepfakes et de criminalisation de l’usurpation d’identité. Il souligne également la nécessité de renforcer le rôle de la DGSSI et d’imposer plus de transparence aux plateformes fournissant des outils d’IA.
La sensibilisation des citoyens apparaît comme une priorité nationale. Hezzaz propose la création d’une plateforme officielle de signalement des cyberfraudes, l’intégration de l’éducation numérique dans les programmes scolaires et la formation des employés des banques et entreprises. Il évoque également une plateforme arabo-africaine-marocaine capable de détecter liens frauduleux, cartes piratées et contenus illégaux, protégeant des institutions stratégiques.
Amin Belmezougui, président de la Fédération internationale de l’IA, met en garde contre les techniques d’ingénierie sociale visant à soutirer des codes OTP ou des informations bancaires, rappelant qu’« aucune banque ne demande ce type de données ». Il insiste sur le rôle crucial des citoyens, pour qui vigilance et conscience numérique valent aujourd’hui autant qu’un mot de passe.
Enfin, Belmezougui salue l’action proactive de Bank Al-Maghrib, soulignant qu’elle constitue « une étape stratégique pour protéger les citoyens et renforcer la confiance dans le système bancaire national ». Alors que le Maroc accélère son virage numérique, il appelle toutes les institutions financières et médiatiques à intensifier leurs efforts de sensibilisation pour garantir la sécurité des données des Marocains.