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Décharges sauvages et ruée foncière : les métropoles marocaines sous pression spéculative
Aux abords des grandes villes marocaines, une effervescence inhabituelle anime le marché foncier. De Casablanca à Rabat, en passant par Tanger ou Fès, des courtiers fonciers et des promoteurs immobiliers s’empressent d’acquérir des terrains situés près de décharges sauvages, souvent implantées au cœur de zones urbaines en pleine expansion. Une course discrète mais intense, stimulée par les promesses récentes des autorités d’aménager de nouvelles décharges provinciales répondant aux normes environnementales et situées loin des habitations.
Selon des sources proches des services préfectoraux, cette dynamique spéculative s’est renforcée au fil des mois. Les rapports internes des services des affaires intérieures signalent une multiplication d’opérations foncières ciblant des terrains très dévalués en raison de leur proximité avec des sites d’enfouissement illégaux. Dans des zones stratégiques comme Dharoua, dans la province de Berrechid, certains groupes fonciers achètent à bas prix de vastes parcelles qu’ils envisagent de lotir une fois la décharge déplacée ou réhabilitée.
Un marché qui anticipe la fin des décharges urbaines
Les promesses d’éliminer ou de déplacer les décharges situées en pleine zone résidentielle semblent avoir attisé l’appétit de spéculateurs convaincus d’une montée imminente des prix. Les documents transmis au ministère de l’Intérieur indiquent une corrélation claire entre les annonces publiques des autorités et l’intensification des transactions foncières. Dans certains périmètres, des estimations internes prévoient une hausse pouvant atteindre 40 % du prix du mètre carré dès que les travaux d’assainissement seront entamés.
Ces perspectives de valorisation rapide ont attiré de nouveaux acteurs : techniciens de l’urbanisme, intermédiaires informels, conseillers officieux… Plusieurs auraient profité de leur connaissance des dossiers pour orienter ou faciliter des acquisitions, percevant au passage des commissions importantes. Une pratique qui alimente les inquiétudes quant à la transparence du marché foncier dans des villes où la pression immobilière ne cesse de s’accentuer.
Pression citoyenne et recommandations strictes
Face à la dégradation environnementale et aux risques sanitaires liés aux décharges sauvages, les walis ont récemment durci le ton. Ils ont instruit les gouverneurs de s’attaquer prioritairement à ce phénomène, notamment dans la région de Casablanca-Settat, où les plaintes de citoyens et d’associations ont fortement augmenté. Les critiques portent autant sur les nuisances directes que sur la gestion des déchets inertes provenant des chantiers, particulièrement nombreux dans le cadre des projets d’infrastructures liés au Mondial 2030.
Les autorités locales sont désormais appelées à proposer des solutions urgentes pour l’évacuation et le traitement de ces déchets, afin de limiter leur impact sur l’environnement et d’éviter qu’ils ne deviennent un facteur supplémentaire de spéculation foncière.
Des zones de restructuration promises à un fort potentiel
D’après les éléments consultés, la pression devrait s’accentuer dans les communes périphériques des grandes métropoles. Plusieurs terrains classés actuellement en zones de restructuration (ZR) parce qu’ils abritent des décharges sauvages pourraient être reclassés en zones d’habitat (ZH) dans les futurs plans d’aménagement. Ce changement de statut pourrait multiplier par cinq la valeur foncière de ces parcelles, renforçant les risques de favoritisme et de conflits d’intérêts au moment de la délivrance des autorisations d’urbanisme.
Dans ce contexte, les autorités centrales sont exhortées à renforcer les mécanismes de contrôle et de transparence afin d’éviter que la transition environnementale promise ne se transforme en une nouvelle opportunité de spéculation au détriment de l’intérêt public.