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Deux chaînes de télévision turques menacées de fermeture pour critiques envers le gouvernement

Mardi 08 Juillet 2025 - 08:30
Deux chaînes de télévision turques menacées de fermeture pour critiques envers le gouvernement
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En Turquie, la liberté de la presse traverse une nouvelle zone de turbulence. Deux chaînes de télévision réputées proches de l’opposition, Sözcü TV et Halk TV, sont menacées de fermeture définitive, en raison de leur ton critique envers le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan. Cette décision soulève de vives inquiétudes au sein des milieux médiatiques et des défenseurs des libertés fondamentales.

La chaîne Sözcü TV a été condamnée à dix jours de suspension d’antenne, à la suite de sa couverture des manifestations interdites ayant éclaté en mars après l’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, figure majeure de l’opposition. Après l’épuisement de toutes les voies de recours, la chaîne devra cesser ses émissions mardi soir à minuit, conformément à la décision de la RTÜK, l’autorité turque de régulation de l’audiovisuel.

Halk TV, quant à elle, a obtenu lundi un sursis de sept jours grâce à une décision du tribunal administratif d’Ankara, suite à un appel déposé contre sa suspension. Mais la menace reste entière. Si la RTÜK s’y oppose, la diffusion de la chaîne sera interrompue dès la fin du délai, a précisé son rédacteur en chef Suat Toktas à l’AFP. Et cette suspension pourrait s’avérer fatale : « Si une sanction est prononcée pour le même article dans l’année, notre licence sera révoquée et la chaîne définitivement fermée », a-t-il averti.

La sanction infligée à Halk TV repose sur les propos tenus par un invité en direct, une situation qui, selon M. Toktas, ne devrait pas engager la responsabilité juridique de la chaîne. Il invoque notamment des décisions de la Cour constitutionnelle turque et de la Cour européenne des droits de l’homme, qui affirment que les déclarations des invités ne peuvent être imputées directement aux diffuseurs.

Pour Reporters sans frontières (RSF), ces mesures s’inscrivent dans un projet de musellement systématique des voix critiques.

« L’intention de liquider les chaînes d’opposition dans le cadre d’un projet autoritaire ne fait guère de doute », déclare Erol Onderoglu, représentant de RSF en Turquie. L’organisation rappelle également les nombreuses arrestations de journalistes recensées ces derniers mois dans le pays.

Face à cette nouvelle attaque contre la liberté d’informer, les syndicats turcs de la presse et de l’édition (TGS) ont appelé à des rassemblements mardi devant les sièges des deux chaînes à Ankara, pour défendre l’indépendance des médias.

La Turquie figure actuellement à la 159e place sur 180 dans le classement mondial 2024 de la liberté de la presse établi par RSF, un score qui illustre le climat de plus en plus hostile envers les journalistes indépendants dans le pays.

Ces nouvelles sanctions viennent rappeler que le pluralisme médiatique demeure sous pression en Turquie, à l’heure où l’espace public est de plus en plus verrouillé. Les prochaines semaines pourraient sceller le sort de deux chaînes devenues symboles de la résistance médiatique face à un pouvoir toujours plus autoritaire.



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