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Emmanuel Macron s’apprête à nommer ce vendredi son Premier ministre
Après cinq jours d’incertitude, Emmanuel Macron doit trancher. Le président français réunit, ce vendredi à l’Élysée, les chefs de partis – à l’exception du Rassemblement national (RN) et de La France insoumise (LFI) – pour tenter de mettre fin à une crise politique qui paralyse l’exécutif depuis la démission de Sébastien Lecornu lundi dernier.
Le chef de l’État s’est engagé à nommer un Premier ministre « d’ici vendredi soir ». Mais alors que les tractations se multiplient en coulisse, aucune issue claire ne se dessine. Deux scénarios dominent : la reconduction du démissionnaire Lecornu, malgré la fragilité de sa majorité, ou la nomination surprise du centriste Jean-Louis Borloo, vétéran de la vie politique française.
Une crise institutionnelle prolongée
Sébastien Lecornu, troisième Premier ministre en un an depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, détient désormais le record du mandat le plus court de la Ve République. Sa démission, survenue à peine deux jours après l’annonce de son gouvernement, a mis en lumière les divisions d’une coalition centriste fracturée entre l’aile macroniste et la droite modérée.
En l’absence de majorité stable, le président multiplie les consultations pour éviter une nouvelle motion de censure. Selon plusieurs observateurs, Emmanuel Macron chercherait à former un gouvernement « de mission », centré sur les réformes économiques urgentes, notamment le budget 2026, qui doit être présenté lundi prochain en Conseil des ministres.
Borloo, l’option du consensus ?
Face à la lassitude d’une classe politique épuisée par la succession de crises, la piste de Jean-Louis Borloo refait surface. Ancien ministre sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, figure consensuelle du centre-droit, Borloo incarne pour certains le profil d’un « Premier ministre de rassemblement ».
Mais le principal intéressé tempère. À 74 ans, celui qui fut maire de Valenciennes et président de l’Union des démocrates et indépendants (UDI) affirme n’avoir eu « aucun contact » avec l’Élysée.
D’autres noms circulent encore, parmi lesquels Bernard Cazeneuve, ex-Premier ministre socialiste, ou Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes. Tous deux pourraient incarner un retour à un profil plus technocratique, à même de calmer les tensions parlementaires.
Un gouvernement à « distance » de 2027
Avant de quitter Matignon, Sébastien Lecornu a appelé à la formation d’une équipe gouvernementale « déconnectée des ambitions présidentielles ». Une manière de critiquer, à mots couverts, les calculs politiques de certains ministres déjà tournés vers l’élection de 2027.
Cette ligne exclurait de facto Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur démissionnaire et chef du parti Les Républicains, qui a contribué à la chute du gouvernement Lecornu en exigeant un Premier ministre « ni de gauche, ni macroniste ».
Les retraites, point de blocage majeur
Emmanuel Macron reste attendu sur un autre dossier brûlant : la suspension de la réforme des retraites, devenue le symbole du rejet social de sa politique. Les socialistes en ont fait une condition pour toute forme de soutien ou d’abstention constructive à l’Assemblée.
« Il faudra trouver un chemin pour que le débat ait lieu », a concédé Lecornu avant de partir, laissant au président la responsabilité de déminer une bombe sociale et politique à la veille de l’hiver.
Un pari risqué
Dans un contexte de croissance atone et de dette publique record (115,6 % du PIB), la France aborde la rentrée budgétaire dans une atmosphère délétère. Faute d’accord politique solide, Emmanuel Macron joue désormais sa crédibilité institutionnelle.
Reconduire Lecornu signifierait miser sur la continuité dans la tempête. Choisir Borloo ou une autre personnalité de consensus serait, à l’inverse, une tentative de réconciliation nationale – mais aussi un aveu de faiblesse pour un président qui a longtemps revendiqué le dépassement des clivages.