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Enseignement préscolaire : la précarité des éducateurs menace la réforme

08:00
Enseignement préscolaire : la précarité des éducateurs menace la réforme
Par: Naji khaoula
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L’enseignement préscolaire, considéré comme la pierre angulaire du système éducatif marocain, traverse aujourd’hui une zone de turbulence. Malgré les efforts déployés pour généraliser ce cycle et le rendre accessible à tous les enfants, la réalité du terrain révèle une fragilité profonde, notamment liée à la situation sociale et professionnelle des éducatrices et éducateurs.

C’est ce qu’a dénoncé Hassan Oumribet, député du groupe du Progrès et du Socialisme (PPS), dans une question écrite adressée au ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports. Selon lui, aucune réforme ambitieuse ne peut réussir sans un socle solide, à savoir un corps éducatif valorisé et protégé.

Adoptée en 2019, la loi-cadre 51.17 a fixé comme objectif la généralisation progressive du préscolaire et son intégration au primaire, un engagement réaffirmé dans le plan national 2018-2028. Des milliers de classes ont été créées, souvent en partenariat avec des associations et fondations locales, et de nombreux éducateurs ont été recrutés. Cependant, cette dynamique cache un revers : la sous-traitance massive a engendré un système où la majorité des éducateurs travaillent avec des contrats précaires, des salaires modestes et une couverture sociale insuffisante.

« Ces éducateurs perçoivent des rémunérations très faibles, sont soumis à des formations obligatoires même durant l’été, et n’ont pas les mêmes droits que les fonctionnaires du ministère », a alerté Oumribet. Cette précarité, selon lui, entraîne un turnover important et compromet la qualité de l’accompagnement pédagogique, mettant en péril l’objectif d’égalité des chances dès la petite enfance.

L’instauration récente d’un examen professionnel, présenté comme une mesure d’évaluation, n’a fait qu’accroître le malaise. « Cet examen ne mène ni à une promotion ni à un changement de statut, ce qui accentue le sentiment d’injustice », souligne le parlementaire.

Face à cette situation, le député a appelé le ministère à intégrer les éducatrices et éducateurs du préscolaire dans les effectifs officiels de l’éducation nationale. Pour lui, seule une reconnaissance institutionnelle et une sécurisation de l’emploi permettront de consolider les bases du préscolaire et d’assurer une réforme éducative durable.

Alors que le Maroc aspire à offrir à chaque enfant un départ équitable dans la scolarité, la stabilité et la dignité des éducateurs apparaissent comme des conditions essentielles pour bâtir l’école de demain.



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