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Et si on bombardait Mars pour la rendre habitable ?
Et si l’on bombardait Mars pour la rendre habitable ? C’est l’idée audacieuse avancée par le professeur Leszek Czechowski, chercheur à l’Académie polonaise des Sciences, qui propose d’utiliser des astéroïdes riches en composés volatils pour épaissir l’atmosphère martienne et enclencher un processus de terraformation. Présentée lors de la conférence LPSC 2025, cette hypothèse spectaculaire bouleverse les paradigmes actuels de la colonisation spatiale.
La planète Mars fascine les scientifiques depuis des décennies, mais elle reste fondamentalement inhospitalière. Ce n’est pas seulement le froid extrême ou l’absence d’oxygène qui constitue une menace pour l’être humain, mais surtout la très faible pression atmosphérique : à peine 600 pascals, contre plus de 100 000 sur Terre.
Dans ces conditions, le sang humain entrerait littéralement en ébullition sans combinaison pressurisée. Pour permettre la survie, même dans un habitat rudimentaire, il faudrait multiplier cette pression par dix. Or, une atmosphère dense est également essentielle pour stabiliser les températures et protéger des radiations solaires, Mars étant dépourvue de champ magnétique.
Le projet du professeur Czechowski repose sur un principe simple mais titanesque : détourner des astéroïdes riches en glace et en gaz vers Hellas Planitia, vaste bassin d’impact de l’hémisphère sud de Mars. Ces corps célestes, issus de la ceinture de Kuiper située au-delà de Neptune, seraient de véritables réservoirs de composés volatils tels que l’eau, le CO₂ ou l’azote.
L’impact de ces astéroïdes provoquerait un dégagement massif de gaz dans l’atmosphère martienne, tout en réchauffant sa surface. En parallèle, il pourrait stimuler l’activité volcanique de la planète, contribuant encore à l’épaississement de son atmosphère.
Ce projet de terraformation, s’il paraît digne d’un roman de science-fiction, s’appuie sur des modélisations scientifiques rigoureuses. Mais les défis techniques sont colossaux : sélectionner l’astéroïde, y installer un système de propulsion, le guider à travers le système solaire, et viser avec précision la zone d’impact. Un tel voyage pourrait durer entre 29 et 63 ans, selon les trajectoires envisagées.
L’énergie nécessaire serait gigantesque, impliquant probablement des moteurs ioniques de nouvelle génération ou des réacteurs nucléaires. Czechowski reconnaît aussi les risques d’un tel projet : instabilité des astéroïdes, erreurs de trajectoire, séismes martiens ou bouleversements climatiques imprévus.
Au-delà de la science, cette proposition soulève une question presque philosophique : sommes-nous capables d’initier aujourd’hui un projet qui ne portera ses fruits que dans plusieurs siècles ? Le professeur Czechowski parle d’un « effort civilisationnel », qui oblige à repenser notre rapport au temps, à la science et à l’héritage que nous souhaitons transmettre.
« Adapter Mars aux humains plutôt qu’adapter les humains à Mars », résume-t-il, en appelant à une vision intergénérationnelle de l’exploration spatiale.
Dans un monde souvent obsédé par l’immédiateté, ce projet invite à une réflexion de fond sur la place de l’humanité dans le cosmos et sur sa capacité à penser — et agir — à l’échelle du millénaire.