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L’Égypte face à la montée des islamistes en Syrie : une situation complexe et inquiétante

Dimanche 05 Janvier 2025 - 12:22
L’Égypte face à la montée des islamistes en Syrie : une situation complexe et inquiétante
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La Syrie, récemment secouée par la chute de Bachar al-Assad, fait aujourd’hui face à une nouvelle réalité politique avec la prise de pouvoir des islamistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Pour l’Égypte, ce développement soulève des inquiétudes profondes, non seulement à cause de l’influence croissante des islamistes dans la région, mais aussi en raison de l’ombre du passé récent, marqué par la prise de pouvoir des Frères musulmans sous Mohamed Morsi.

Une réaction mesurée mais inquiète de l’Égypte

L’Égypte, qui a soutenu le régime d’Assad jusqu’à sa chute, aborde la situation avec prudence. Le Caire, qui redoute toute montée en puissance de l’islamisme sur son territoire, a adopté une posture réservée face à la prise de pouvoir du HTS. Alors que d'autres pays arabes ont rapidement reconnu les nouvelles autorités syriennes, l’Égypte a préféré attendre trois semaines avant d'établir un contact diplomatique avec les dirigeants de Damas.

L’héritage des Frères musulmans

La crainte de l’Égypte réside en grande partie dans l'histoire de la Confrérie des Frères musulmans, une organisation qui a longtemps été une épine dans le pied des autorités égyptiennes. Le président Abdel Fattah al-Sissi, qui a renversé Mohamed Morsi, leader des Frères musulmans, en 2013, perçoit la montée des islamistes en Syrie comme un « chiffon rouge ». La proximité idéologique entre le HTS et les Frères musulmans suscite des inquiétudes, bien que le HTS ait tenté de modérer sa rhétorique et assuré qu'il ne chercherait pas à exporter sa révolution.

La rivalité avec la Turquie et l'impact sur la géopolitique régionale

Outre la question de l’islamisme, la situation syrienne a également des répercussions sur l'équilibre géopolitique du Moyen-Orient. La chute d'Assad affaiblit l'influence de l'Iran, un allié de longue date de Damas, tout en renforçant la position de la Turquie, qui soutient depuis longtemps l’opposition syrienne. Pour l’Égypte, la perspective d'une Turquie devenue le principal allié de la Syrie est préoccupante, car les relations entre Le Caire et Ankara restent tendues en raison de divergences politiques et diplomatiques.

Des mesures préventives et une politique de « conditions »

Face à cette nouvelle donne, l’Égypte a pris des mesures préventives pour limiter l’influence syrienne sur son territoire. Des arrestations ont été effectuées parmi les Syriens en Égypte, et les restrictions de visas ont été renforcées. Le Caire reste très vigilant, cherchant à éviter une situation similaire à celle vécue lors du règne des Frères musulmans. Si des rapprochements diplomatiques avec la Syrie sont envisagés, l’Égypte insiste sur la nécessité d’un partage du pouvoir équitable, afin d'empêcher toute domination des islamistes dans le pays.

La situation actuelle en Syrie est un défi de taille pour l’Égypte. Si la modération de certains acteurs comme le HTS offre un espoir de stabilité, les enjeux géopolitiques et les préoccupations internes continuent de guider les choix du Caire. La prudence restera probablement la ligne directrice de la politique égyptienne tant que les équilibres régionaux demeurent incertains.



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