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Microplastiques dans le cerveau : une nouvelle étude alerte la communauté scientifique

Hier 14:30
Microplastiques dans le cerveau : une nouvelle étude alerte la communauté scientifique
Par: Naji khaoula
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Une étude récente publiée dans Nature Medicine vient de franchir un nouveau cap dans la compréhension de la pollution plastique : pour la première fois, des chercheurs confirment la présence systématique de microplastiques dans le cerveau humain. Cette découverte soulève des inquiétudes quant à leurs effets potentiels sur la santé neurologique, même si les preuves scientifiques restent limitées.

Invisible à l’œil nu mais omniprésent dans notre environnement, le plastique finit par se retrouver jusque dans les tissus les plus sensibles de l’organisme. L’étude menée par le toxicologue américain Matthew Campen s’appuie sur l’autopsie d’une cinquantaine de cerveaux humains, analysés entre 2016 et 2024 au Nouveau-Mexique. Les résultats montrent que tous contenaient des particules plastiques, avec une concentration plus élevée dans les échantillons récents. Selon les estimations des chercheurs, l’accumulation pourrait atteindre jusqu’à 10 grammes de plastique par cerveau – l’équivalent d’une cuillère à café.

Cependant, les scientifiques appellent à la prudence. Le faible nombre d’échantillons et leur provenance unique ne permettent pas d’affirmer que cette contamination soit généralisée à l’échelle mondiale. "Ces résultats doivent être interprétés avec précaution", souligne le toxicologue Theodore Henry de l’université Heriot-Watt. Même constat pour Oliver Jones, professeur de chimie à l’université RMIT en Australie : "À ce stade, rien ne prouve que ces particules soient toxiques pour le cerveau humain."

La question reste néanmoins préoccupante, notamment à la lumière d’autres recherches. En 2024, The New England Journal of Medicine avait déjà établi un lien entre la présence de microplastiques dans les vaisseaux sanguins et un risque accru de maladies cardiovasculaires. Des travaux plus récents sur des souris, publiés dans Science Advances, ont également montré que ces particules peuvent atteindre le cerveau, provoquant des caillots sanguins et des troubles neurologiques.

Pour plusieurs experts, ces signaux d’alerte justifient d’approfondir les investigations. Le toxicologue français Xavier Coumoul rappelle que l’exposition environnementale joue un rôle majeur dans le développement de maladies neurodégénératives telles qu’Alzheimer. "Les particules fines sont déjà reconnues comme facteur de risque. Les microplastiques pourraient agir de façon similaire, même si leur composition chimique diffère", précise-t-il.

Alors que des négociations internationales pour un traité mondial contre la pollution plastique se poursuivent à Genève, cette étude vient renforcer l’urgence d’agir. Si l’impact neurologique des microplastiques reste encore à démontrer, les chercheurs plaident pour l’application du principe de précaution afin d’éviter une possible crise sanitaire à long terme.



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