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Migrants mineurs : l’Espagne enclenche un plan de relocalisation inédit

09:30
Migrants mineurs : l’Espagne enclenche un plan de relocalisation inédit
Par: Naji khaoula
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Face à une pression migratoire sans précédent, l’Espagne s’apprête à déclencher un mécanisme exceptionnel de relocalisation visant près de 4.000 mineurs non accompagnés. Dès cette semaine, les îles Canaries ainsi que les enclaves de Sebta et Melilla devraient activer ce dispositif, après avoir officiellement dépassé leurs capacités d’accueil.

Des structures à bout de souffle

Le constat est alarmant : les centres de protection de ces trois territoires fonctionnent largement au-delà de leurs capacités. Aux Canaries, où 737 places sont théoriquement disponibles, plus de 5.600 mineurs étaient enregistrés début juillet. À Sebta, 27 places sont prévues, mais 421 enfants y sont hébergés. Melilla connaît une situation similaire, avec 256 jeunes accueillis pour seulement 28 places.

Ces chiffres révèlent des taux d’occupation allant de 7 à 15 fois au-dessus de la norme, franchissant le seuil fixé par le décret royal adopté mardi par le Conseil des ministres. Celui-ci établit un ratio de référence national : 32,6 places pour 100.000 habitants.

Un mécanisme d’urgence

Selon le texte, une région ne peut être déclarée en urgence que si sa capacité est dépassée d’au moins trois fois. Canaries, Sebta et Melilla remplissent largement cette condition. Une fois la demande validée par Madrid, un protocole de transfert s’active.

La ministre de la Jeunesse et de l’Enfance, Sira Rego, a affirmé que “tout est prêt” pour débuter dès cette semaine. Les relocalisations s’étaleront toutefois sur un an afin d’éviter une gestion précipitée.

Une répartition nationale

Les projections gouvernementales estiment que 3.975 mineurs devront être transférés pour ramener la situation à l’équilibre. Toutefois, environ 1.000 jeunes ayant déjà déposé une demande d’asile resteront pris en charge directement par l’État, ce qui réduirait le nombre de transferts à moins de 3.000.

Les régions les plus sollicitées seront l’Andalousie (677), Madrid (647) et la Communauté valencienne (571), concentrant à elles seules près de la moitié des relocalisations. Les Baléares seront les moins concernées avec seulement 49 enfants.

En revanche, la Catalogne et le Pays basque, déjà très impliqués dans les précédentes campagnes, sont exemptés du dispositif. La Catalogne a toutefois annoncé qu’elle accueillerait volontairement 31 mineurs supplémentaires.

Un soutien financier de l’État

Pour accompagner ce plan, Madrid débloquera 100 millions d’euros, couvrant à la fois les transferts et les premiers mois de placement familial. Les Canaries seront les principales bénéficiaires, avec 24,3 millions d’euros, suivies par Madrid (15,8 millions) et l’Andalousie (8,8 millions). À l’inverse, Melilla ne percevra qu’environ 993.000 euros.

Un mécanisme de compensation est également prévu pour les territoires structurellement en tension, tels que l’Aragon, la Navarre, la Cantabrie ou encore les Baléares.

Une approche à long terme

Au-delà de cette redistribution, le gouvernement espagnol prépare de nouveaux programmes destinés à accompagner les mineurs dans leur transition vers l’âge adulte, en partenariat avec les communautés autonomes.

L’objectif affiché est double : soulager les régions les plus exposées, tout en répartissant plus équitablement la responsabilité de l’accueil à l’échelle nationale.



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