Advertising

Noyades sur les plages marocaines : quand l'été vire au drame

Samedi 19 Juillet 2025 - 08:25
Noyades sur les plages marocaines : quand l'été vire au drame
Par: Naji khaoula
Zoom

Chaque été, les plages marocaines accueillent des millions de vacanciers venus chercher fraîcheur, détente et souvenirs en famille. Mais sous les reflets scintillants de la mer se cachent des dangers bien réels. Alors que les températures grimpent, les cas de noyade se multiplient, révélant des défaillances inquiétantes dans les dispositifs de sécurité et interpellant les autorités sur la nécessité d’une réponse à la hauteur du phénomène.

Un été qui commence sous tension

À Tanger, joyau du nord marocain, le soleil brille haut et les plages sont bondées dès le petit matin. Mais derrière cette carte postale estivale, un drame a failli se produire. Ali, 25 ans, venu de Fès pour quelques jours de repos, a été emporté par un courant insidieux alors qu’il nageait à quelques mètres du rivage. Sauvé in extremis par un autre baigneur, il témoigne encore sous le choc :
« J’ai cru que tout était fini. C’est un inconnu qui m’a sauvé. Sans lui, je ne serais pas là aujourd’hui. »

Son récit bouleversant, passé presque inaperçu parmi les rires et les parasols, vient rappeler une réalité dérangeante : de nombreuses plages marocaines, même très fréquentées, sont sous-équipées et parfois sans surveillance active.

Des chiffres alarmants, des moyens limités

Selon les chiffres de la Direction générale de la Protection civile, près de 10 000 cas de noyade ont été recensés à la mi-juillet 2022, avec plusieurs dizaines de décès. Une moyenne inquiétante qui se répète chaque été, avec environ 70 morts annuels. Le plus souvent, ces drames surviennent sur des plages non surveillées, où l’absence de maîtres-nageurs et de panneaux de signalisation transforme la mer en piège mortel.

Les sauveteurs saisonniers, souvent bénévoles, manquent cruellement de moyens. Jumelles, bouées, embarcations d’intervention, matériel de réanimation : les besoins sont nombreux mais les budgets, eux, restent dérisoires dans plusieurs communes côtières.

La responsabilité est aussi collective

Mais tout ne peut être mis sur le dos des autorités. Une part importante des noyades est également liée au comportement des estivants. Certains se baignent hors des zones surveillées, bravent les drapeaux rouges, ou plongent dans l’eau en fin de journée, après la fin du service des sauveteurs. D’autres, peu familiarisés avec la mer, surestiment leurs capacités ou sous-estiment la force des courants.

Ce relâchement face aux règles de prudence transforme parfois une journée d’insouciance en véritable cauchemar.

Une urgence nationale

Face à cette situation récurrente, des voix s’élèvent. Associations de secouristes, collectifs citoyens et familles endeuillées appellent à la mise en place d’une véritable stratégie nationale de sécurité balnéaire. Cela passerait par le recrutement massif de sauveteurs formés, la modernisation des équipements, la signalisation claire des zones à risque, et surtout, une campagne de sensibilisation à grande échelle ciblant toutes les régions du pays.

La mer reste un espace de liberté et de plaisir. Mais elle impose aussi le respect de ses règles. Alors que l’été bat son plein, les autorités comme les citoyens sont appelés à redoubler de vigilance pour éviter que d’autres histoires comme celle d’Ali ne prennent une tournure tragique.

Le Maroc ne peut plus se permettre de banaliser les noyades estivales. Entre responsabilité publique et vigilance individuelle, il est urgent d’agir pour que les vacances ne riment plus avec drame.



Lire la suite