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Santé publique au Maroc : entre crise et urgence de réforme
Le système de santé public marocain traverse une période critique, marquée par des infrastructures insuffisantes, un manque de personnel et des pratiques controversées qui fragilisent la confiance des citoyens. Le dernier rapport du Centre marocain des droits de l’homme (CMDH) met en lumière l’ampleur de cette crise et ses conséquences sur la vie quotidienne des patients.
Selon ce rapport, les hôpitaux publics se transforment en lieux où la souffrance et l’angoisse deviennent la norme. Les auteurs dénoncent une combinaison de mauvaise gestion, de négligence et de corruption, qui empêche le système de répondre aux besoins essentiels de la population. Les manifestations récurrentes devant certains établissements, notamment à Casablanca, Agadir ou Zagora, témoignent de l’insatisfaction des citoyens. Les incidents tragiques survenus dans plusieurs hôpitaux révèlent un problème profondément enraciné nécessitant une intervention rapide.
La corruption reste un facteur central de dysfonctionnement. Des équipements médicaux disparaissent ou sont détournés vers le secteur privé, comme l’affaire récente à Taza, où plusieurs personnes ont été arrêtées pour vente illégale de matériel hospitalier. Le favoritisme, les pots-de-vin et l’obligation pour les patients de se procurer certains médicaments dans des pharmacies précises sont des pratiques signalées dans plusieurs régions. Des témoignages font également état de comportements irrespectueux de certains agents hospitaliers, allant du personnel infirmier aux agents de sécurité.
Le rapport alerte sur la négligence médicale, souvent fatale. Dans plusieurs hôpitaux régionaux, le manque de spécialistes et de matériel critique, comme les incubateurs pour nouveau-nés à Fès, entraîne des décès évitables. Les zones rurales et éloignées, telles que Boulemane, Azilal ou Tinghir, sont particulièrement touchées, avec des services d’urgence limités et des interventions chirurgicales retardées.
Les contraintes financières constituent un obstacle majeur. Le budget de la santé publique représente seulement 5 % du budget national pour 2025, une proportion jugée insuffisante pour combler les besoins structurels du secteur. Le CMDH pointe aussi le manque de transparence dans l’utilisation de ces fonds, certaines décisions étant influencées par des logiques politiques au détriment des besoins réels des citoyens.
Le déficit en personnel médical est alarmant. Avec seulement 15 000 médecins actifs dans le public, soit environ quatre pour 10 000 habitants, le Maroc se situe loin des normes recommandées par l’Organisation mondiale de la santé. Le rapport prévoit que l’émigration des médecins pourrait créer un déficit de 50 000 praticiens d’ici 2035. À cela s’ajoutent des carences en maintenance des équipements, des pénuries de spécialistes, notamment en psychiatrie, et l’influence croissante des lobbies pharmaceutiques, qui alourdissent le coût des soins pour les patients.
Face à cette situation, le CMDH appelle à une réforme urgente. Parmi les recommandations : la nomination d’un ministre compétent, la création d’une commission nationale pluridisciplinaire pour élaborer une stratégie globale et l’augmentation du budget de la santé à 10 % des dépenses publiques d’ici 2030. Les auteurs insistent sur la nécessité d’une refonte complète du système afin de restaurer la confiance des citoyens et garantir leur droit fondamental à la santé et à la vie.