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Soueida en ruines après le retrait syrien et les frappes israéliennes

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Soueida en ruines après le retrait syrien et les frappes israéliennes
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La ville syrienne de Soueida, majoritairement druze, comptait ses morts jeudi après le retrait des forces gouvernementales sur ordre du président intérimaire Ahmad Al-Chareh. Une décision justifiée, selon lui, par la volonté d’éviter « une guerre ouverte » avec Israël, qui avait menacé d’intensifier ses frappes si les troupes syriennes ne se retiraient pas de cette province du sud du pays.

Selon l’agence officielle Sana, un nouveau raid israélien a frappé la région jeudi soir, quelques heures seulement après le retrait syrien. Un correspondant de l’AFP a constaté un paysage dévasté dans le centre de Soueida, avec au moins quinze cadavres jonchant les rues.

Un climat de peur et de colère

« C’est comme si Soueida sortait d’une catastrophe naturelle », témoigne Hanadi Obeid, médecin de 39 ans. Devant l’hôpital principal, familles et proches recherchent désespérément des disparus, dans une atmosphère mêlant colère et panique.

D’après l’ONU, près de 2.000 familles ont été déplacées depuis le début des violences dimanche, déclenchées par des affrontements entre combattants druzes et tribus bédouines sunnites. Le pouvoir avait annoncé vouloir restaurer l’ordre, mais des témoignages et des organisations locales accusent les troupes syriennes d’avoir pris part aux combats aux côtés des tribus, en commettant des exactions.

Un retrait sous pression israélienne

Selon des sources sécuritaires, le retrait des troupes syriennes a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi, laissant la responsabilité du maintien de la sécurité aux groupes locaux druzes et aux chefs religieux de la ville.

Dans un discours télévisé, Ahmad Al-Chareh a déclaré avoir privilégié « l’intérêt du peuple syrien » pour éviter un conflit frontal avec Israël, qui a intensifié ses raids, notamment à Damas, où plusieurs bombardements ont visé le quartier général de l’armée.

Benjamin Netanyahu a salué un « cessez-le-feu obtenu par la force », confirmant la ligne dure d’Israël face aux autorités syriennes.

Une médiation internationale sous haute tension

Ahmad Al-Chareh a évoqué « une médiation efficace » menée par les États-Unis, la Turquie et plusieurs pays arabes pour éviter une escalade encore plus dramatique. Washington, tout en affichant son soutien au gouvernement intérimaire syrien, a dénoncé les frappes israéliennes mais a insisté sur le retrait syrien de Soueida pour apaiser la situation.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) déplore un lourd bilan humain : 594 morts, dont 300 druzes, parmi lesquels 154 civils, victimes d’exécutions sommaires attribuées à des unités relevant du ministère syrien de la Défense et de l’Intérieur.

Des promesses de justice sans suite

Ahmad Al-Chareh a promis de sanctionner les responsables des massacres contre la communauté druze, affirmant que l’État garantirait leur protection. Des promesses déjà entendues après des massacres précédents, mais rarement suivies d’effets, selon les observateurs.

Avant la guerre civile, la communauté druze comptait environ 700.000 personnes en Syrie, principalement dans la région de Soueida. Aujourd’hui, la minorité paie un lourd tribut dans un pays où la guerre, les divisions internes et les ingérences extérieures continuent de semer la mort et la désolation.



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