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Taounate : la filière licite du cannabis dynamise l’économie locale
À Taounate, les collines autrefois associées à la culture clandestine du cannabis se transforment peu à peu. La filière légale et encadrée prend racine, redessinant le visage économique de la région. Coopératives, unités de séchage et projets de transformation se multiplient, générant emplois et revenus pour les populations locales.
Selon la direction provinciale de l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC), la superficie cultivée à Taounate a atteint 2.045 hectares en 2025, mobilisant 2.554 agriculteurs regroupés en 114 coopératives. Au niveau national, la surface cultivée a presque doublé par rapport à l’année précédente, passant à 4.751 hectares exploités par 5.493 agriculteurs au sein de 366 coopératives.
L’ANRAC a certifié 6,2 millions de semences importées en 2025 et autorisé l’usage de 3.966 quintaux de semences locales « Béldia », en forte augmentation par rapport à 2024. Cette dynamique se traduit également par de nouveaux projets industriels. À Beni Oulid, l’entreprise Moroccocanna construit une unité de séchage capable de traiter jusqu’à 300 tonnes de matière première et reliée à une unité pharmaceutique. « Tout est pensé pour répondre aux normes internationales, de la sécurité sanitaire aux conditions de travail », souligne Amine Bouinzal, responsable technique.
Dans les campagnes, les coopératives organisent la production. À Weed Ouargha, Abdelaziz Bakkali explique que la signature d’un contrat avec un opérateur de transformation a permis de doubler la production. Les retombées sociales sont tangibles : « Aujourd’hui, j’ai un revenu fixe et je peux prévoir l’avenir », confie Yahya, jeune membre de la coopérative, précisant que chaque ferme emploie plusieurs personnes pour les semis et la récolte.
Certaines unités de transformation, comme Somacan, utilisent des technologies avancées respectueuses de l’environnement. Les récoltes passent par des extracteurs utilisant le dioxyde de carbone supercritique pour obtenir des extraits de très grande pureté, destinés au CBD, aux compléments alimentaires et aux produits cosmétiques. Au niveau national, 78 produits issus du cannabis légal sont désormais enregistrés auprès des autorités compétentes.
Pour les habitants de Taounate, la filière dépasse la simple dimension économique. Elle stabilise les revenus, retient les jeunes sur place et encourage l’implantation d’industries locales. L’ANRAC joue un rôle central, encadrant chaque étape : distribution de semences, encadrement technique, transformation, exportation et contrôle réglementaire. En 2025, l’Agence a délivré 4.003 autorisations et mené 5.430 opérations de contrôle pour garantir la conformité des activités.
Dans les villages, les discussions portent sur les perspectives offertes par cette filière légale. Pour beaucoup, il s’agit d’une occasion unique de bâtir une économie locale durable et de donner un avenir concret aux générations rurales.