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Une plainte déposée en Allemagne contre le président syrien Ahmad El-Chareh

Hier 11:31
Une plainte déposée en Allemagne contre le président syrien Ahmad El-Chareh
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Un groupe kurde basé en Allemagne a annoncé avoir déposé une plainte contre le président syrien Ahmad El-Chareh pour crimes de guerre, génocide et crimes contre l’humanité. La démarche, confirmée par le parquet fédéral à la presse allemande, s’appuie sur le principe de compétence universelle permettant aux tribunaux nationaux de poursuivre les auteurs de crimes graves, indépendamment du lieu où ils auraient été commis.

La plainte a été initiée par la Communauté kurde d’Allemagne (KGD), qui accuse le dirigeant syrien d’avoir joué un rôle actif dans les violences ciblant les minorités kurdes et yézidies dans la région. « Ahmad El-Chareh porte une responsabilité conjointe dans les crimes graves commis contre les Kurdes yézidis en 2014, ainsi que dans les violences systématiques contre les minorités en Syrie et en Irak », a déclaré Mehmet Tanriverdi, vice-président de la KGD.

Un passé militant encore au centre des critiques

De longue date, Ahmad El-Chareh était connu sous son nom de guerre, Abou Mohammad Al-Jolani. Ancien chef d’un groupe islamiste armé opérant en Syrie, il s’était imposé à la tête du pays après la chute de Bachar El-Assad, dans un contexte de guerre civile prolongée. Bien qu’il ait multiplié, ces derniers mois, les signes de rupture avec son passé militant pour afficher une posture politique plus modérée, son héritage reste controversé.

Son ancien mouvement, Hay’at Tahrir El-Cham (HTC), a été retiré de certaines listes terroristes internationales récemment, mais de nombreux observateurs et organisations de défense des droits humains restent sceptiques sur la nature réelle de cette transformation.

Une reconnaissance internationale contestée

La contestation du KGD intervient à un moment où le dirigeant syrien accroît sa présence diplomatique. Il est notamment attendu aux États-Unis pour une rencontre officielle avec le président américain Donald Trump, et a récemment été invité par le chancelier allemand Friedrich Merz pour discuter de dossiers migratoires, dont la situation des ressortissants syriens en Allemagne.

Pour le groupe kurde, ces invitations constituent une forme de légitimation inacceptable : « Il est dangereux et inapproprié d’accueillir un homme soupçonné d’atrocités massives », affirme le communiqué de la KGD, qui dit craindre qu’« un criminel de guerre présumé puisse circuler librement ».

Pour l’heure, l’ambassade de Syrie à Berlin n’a pas réagi à ces accusations.

Un débat juridique et diplomatique sensible

Cette affaire ranime le débat sur l’application du droit international face à des dirigeants en exercice. Les juristes rappellent que la compétence universelle permet aux États de poursuivre les responsables présumés de crimes contre l’humanité, même si les faits ont été commis ailleurs. Toutefois, l’ouverture d’une enquête n’implique pas automatiquement la mise en cause ou l’arrestation du dirigeant syrien, la décision finale dépendant de multiples considérations diplomatiques, politiques et judiciaires.

Dans les prochains mois, l’évolution du dossier pourrait devenir un test de portée internationale pour la justice pénale transfrontalière, ainsi que pour les alliances diplomatiques en recomposition au Moyen-Orient.



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