L’éducation marocaine sous la conduite de Mohammed Saad Berrada
Ce mercredi, le gouvernement marocain a connu un remaniement ministériel qui a fait sensation : Mohammed Saad Berrada, figure emblématique de l'industrie des confiseries avec son entreprise Michoc a été nommé ministre de l'Éducation nationale, succédant à Chakib Benmoussa. Ce transfert marque un tournant inédit dans la carrière de l’homme d’affaires, qui quitte le monde des sucreries pour s’attaquer aux défis de l’éducation.
Jusqu’ici, Mohammed Saad Berrada n’était pas un nom attendu dans les hautes sphères de la politique éducative. À la tête de Michoc, entreprise connue pour ses produits sucrés, Berrada s’était fait un nom dans le secteur privé, loin des arcanes de la gestion publique. Cependant, son engagement au sein du Rassemblement National des Indépendants (RNI l’a progressivement introduit dans l’arène politique. Lors des dernières élections législatives, il avait notamment dirigé la commission électorale du parti, consolidant ainsi ses liens avec le leader du RNI et chef du gouvernement, Aziz Akhannouch.
Berrada a également diversifié ses activités dans le monde des affaires, devenant administrateur au sein de TGCC, une entreprise majeure dans le secteur du bâtiment et travaux publics (BTP, et co-investisseur dans le laboratoire pharmaceutique Pharmaprom. Ces expériences lui ont permis de tisser un réseau d’alliances politiques et économiques solides, contribuant à son ascension rapide.
Le ministère de l’Éducation nationale est l’un des piliers de la politique marocaine, avec des enjeux considérables en matière de réformes. Le passage de témoin entre Chakib Benmoussa, désormais à la tête du Haut-Commissariat au Plan (HCP), et Mohammed Saad Berrada n’est pas anodin. En prenant la tête de ce département stratégique, Berrada devra relever des défis complexes, notamment l'amélioration de la qualité de l’enseignement, la réduction des inégalités entre les régions et l’adaptation du système éducatif aux besoins du marché de l'emploi.
Le défi de la transition
Sa transition de l’entrepreneuriat à la gestion d’un portefeuille ministériel aussi sensible que celui de l’éducation sera scrutée de près. Les observateurs se demandent si ses compétences dans la gestion d’entreprises privées, où l'efficacité et la rentabilité priment, seront transposables à l’administration publique, souvent critiquée pour sa lourdeur bureaucratique et ses difficultés à implémenter des réformes à long terme.
D’un autre côté, son profil d’homme d’affaires pourrait apporter une approche nouvelle et pragmatique, en phase avec les ambitions du Maroc de moderniser son système éducatif pour former une main-d’œuvre plus qualifiée et compétitive sur la scène internationale.
La nomination de Berrada pourrait également avoir une dimension politique. En tant que membre influent du RNI et proche du Premier ministre Aziz Akhannouch, certains y voient une stratégie pour consolider l’emprise du parti sur des postes clés du gouvernement. Sa récente nomination au conseil d’administration d’Afriquia Gaz en 2020, avant les élections législatives, avait déjà suscité des discussions quant à l’influence croissante du RNI dans les sphères économiques et politiques.
Les mois à venir seront cruciaux pour déterminer si Mohammed Saad Berrada saura s’imposer en tant que ministre réformateur ou s’il peinera à convaincre dans ce nouveau rôle. La communauté éducative, tout comme les parents et les élèves, attendent des actions concrètes pour moderniser un système scolaire souvent jugé obsolète.
Qu’il s’agisse de son expertise dans la gestion ou de ses alliances politiques, Berrada devra prouver qu’il est à la hauteur des attentes élevées que suscite son arrivée à ce poste. Une chose est sûre : son passage du "roi de la sucette" à ministre de l’Éducation nationale ne passera pas inaperçu, tant il incarne une figure atypique et attendue au tournant.
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