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Madagascar : le président Rajoelina destitué, l’armée s’empare du pouvoir

Hier 14:38
Madagascar : le président Rajoelina destitué, l’armée s’empare du pouvoir
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La crise politique malgache a franchi un nouveau cap mardi 14 octobre. Quelques heures après que le président Andry Rajoelina a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale, cette dernière a voté sa destitution. Dans la foulée, une unité militaire ralliée à la contestation populaire menée par la “Gen Z” a proclamé “prendre le pouvoir”, annonçant la dissolution du Sénat et de la Haute cour constitutionnelle.

“Nous prenons le pouvoir à partir d’aujourd’hui”, a déclaré le colonel Michael Randrianirina devant le palais présidentiel d’Antananarivo, tout en précisant que “l’Assemblée nationale” continuerait à fonctionner.

Le président en fuite, la légitimité contestée

Réfugié dans un lieu inconnu, Andry Rajoelina a dénoncé une “réunion dépourvue de base légale”. Son entourage a confirmé l’authenticité du décret présidentiel de dissolution de l’Assemblée, diffusé plus tôt dans la journée sur la page Facebook de la présidence.

Selon les résultats du vote, 130 des 163 députés — soit plus des deux tiers requis — ont approuvé la destitution du chef de l’État. Cette décision doit encore être validée par la Haute cour constitutionnelle.
Élu en 2018 et réélu en 2023 lors d’un scrutin boycotté par l’opposition, Rajoelina faisait face à un vote d’“empêchement temporaire” réclamé par une majorité de parlementaires.

Une armée divisée, une jeunesse mobilisée

Le week-end dernier, le Capsat, une unité militaire déjà impliquée dans le coup d’État de 2009 ayant porté Rajoelina au pouvoir, a rejoint les manifestants après avoir appelé les forces de sécurité à “refuser de tirer”. Depuis, plusieurs corps de l’armée et de la gendarmerie ont rallié la contestation, bouleversant la chaîne de commandement.

Selon les Nations unies, les violences qui ont marqué le début du mouvement ont fait au moins 22 morts et plus d’une centaine de blessés.

Une contestation menée par la “Gen Z”

La contestation, initiée le 25 septembre par le collectif Gen Z, s’est progressivement élargie à d’autres segments de la société. Fonctionnaires, syndicats et étudiants réclament le départ du président et une refondation politique.

Les rassemblements à Antananarivo ont pris un tour de plus en plus hostile à la France, accusée par une partie des manifestants de soutenir le pouvoir. Des pancartes “Dégage la France” ou “Dégage Rajoelina et Macron” ont fleuri dans les cortèges.

Une transition incertaine

D’après la Constitution malgache, des élections législatives devraient être organisées dans un délai de 60 à 90 jours après la dissolution de l’Assemblée. Mais la situation reste extrêmement confuse, l’armée semblant vouloir imposer sa propre feuille de route.

Lundi, Emmanuel Macron, interrogé sur une éventuelle exfiltration d’Andry Rajoelina par un avion militaire français, avait botté en touche : “Je ne confirme rien aujourd’hui.”

Entre vide institutionnel et recomposition militaire, Madagascar entre dans une période d’incertitude profonde.



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