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Opposition et CEDH unies pour la libération de Selahattin Demirtas

Mardi 04 Novembre 2025 - 15:44
Opposition et CEDH unies pour la libération de Selahattin Demirtas
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Neuf ans jour pour jour après son arrestation, l’opposant kurde Selahattin Demirtas se retrouve au cœur de l’actualité politique turque. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rendu lundi une décision définitive ordonnant sa libération, estimant que sa détention prolongée violait ses droits fondamentaux. Cette décision a aussitôt relancé les appels à sa libération au sein de l’opposition, qui dénonce une détention à caractère politique.

Âgé de 52 ans, Selahattin Demirtas, ancien coprésident du parti pro-kurde DEM (ex-HDP), avait été arrêté en novembre 2016. Charismatique, promoteur du dialogue kurdo-turc et candidat à l’élection présidentielle de 2018, il est devenu l’un des symboles de la marginalisation des voix dissidentes en Turquie. Condamné en 2024 à 42 ans de prison, il a été accusé de « propagande terroriste » en faveur du PKK, d’insulte au président et d’incitation à manifester lors des combats de Kobané en Syrie.

La décision de la CEDH, qui refuse l’ultime recours du ministère turc de la Justice, ne laisse plus de place à l’ambiguïté : Ankara a violé les droits politiques et civiques de l’opposant. Le parti DEM a immédiatement demandé sa « libération immédiate », rappelant que l’arrêt est contraignant en vertu de la Convention européenne des droits de l’homme. Le principal parti d’opposition, le CHP, a exprimé la même exigence, appelant le gouvernement à respecter ses engagements internationaux.

Les avocats de Selahattin Demirtas ont confirmé avoir déposé une requête en remise en liberté devant le tribunal d’Ankara. « La chambre d’appel peut soit ordonner sa libération immédiate, soit réexaminer l’affaire au fond », a indiqué son avocat Mahsuni Karaman, alors que la procédure est en appel depuis plusieurs années.

Élément plus inattendu, Devlet Bahçeli, chef du parti nationaliste MHP et allié clé du président Recep Tayyip Erdogan, s’est dit favorable à une libération : « Sa libération sera de bon augure pour la Turquie », a-t-il déclaré au parlement. Une prise de position qui pourrait indiquer une ouverture politique ou une stratégie de rééquilibrage dans un contexte social et économique tendu.

Reste à savoir si le pouvoir exécutif acceptera d’appliquer la décision européenne. Dans plusieurs dossiers précédents, Ankara a refusé de libérer des figures de l’opposition malgré des décisions similaires, mettant à l’épreuve ses relations avec le Conseil de l’Europe.

L’affaire Demirtas pourrait ainsi devenir un test décisif de l’avenir de l’État de droit en Turquie.



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