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Quatrième mandat en vue pour Alassane Ouattara après la présidentielle ivoirienne

Lundi 27 Octobre 2025 - 07:14
Quatrième mandat en vue pour Alassane Ouattara après la présidentielle ivoirienne
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La présidentielle organisée samedi en Côte d’Ivoire s’est déroulée dans une atmosphère qualifiée de « globalement calme », ont indiqué les autorités, tout en reconnaissant qu’environ 2 % des bureaux de vote — soit près de 200 sites — ont été le théâtre d’incidents, dont certains ont entraîné la mort de deux personnes.

Près de neuf millions d’électeurs étaient appelés à se rendre aux urnes dans ce pays phare de l’Afrique de l’Ouest, redevenu un pôle de stabilité après des années de crise. Les résultats définitifs sont attendus lundi par la Commission électorale indépendante (CEI), qui a déjà commencé à publier les scores pour les 111 départements, ainsi que le district d’Abidjan et la capitale Yamoussoukro.

Dans le nord du pays — région à dominante malinké, ethnie du chef de l’État — des résultats spectaculaires ont été enregistrés : 98,44 % à Séguéla, 99,7 % à Kani, 98,1 % à Ferkessédougou et 97,8 % à Sinématiali, avec des taux de participation proches de 100 % dans ces zones rurales.

À l’inverse, dans le sud et l’ouest, les bureaux de vote affichaient une participation beaucoup plus faible. Dans la commune de Cocody à Abidjan, moins de 20 % des électeurs se sont déplacés. Toutefois, le président sortant, Alassane Ouattara, âgé de 83 ans, arrivait en tête avec environ 68 % des voix. L’un de ses challengers, Jean-Louis Billon, a reconnu sa défaite préliminaire, félicitant le président sortant et saluant « un climat globalement apaisé », tout en s’inquiétant « du très faible taux de participation dans certaines régions ».

Le taux de participation officiel n’a pas encore été arrêté. Le président de la CEI, Ibrahime Kuibiert Coulibaly, estime qu’il devrait être « aux alentours de 50 % ». Le faible engouement s’expliquerait notamment par l’absence de deux des principaux rivaux de M. Ouattara : l’ancien président Laurent Gbagbo et l’ex-banquier international Tidjane Thiam, tous deux écartés de la liste électorale pour des motifs respectifs de condamnation pénale et de nationalité.

Concernant les incidents signalés, les forces de l’ordre ont recensé des heurts dans plusieurs localités du sud et de l’ouest. Selon une source sécuritaire, un Burkinabè a été tué dans la région de Gadouan (centre-ouest) dans des affrontements intercommunautaires, et un adolescent de 13 ans a été mortellement touché « par un tir » à Grégbeu (centre-ouest). Vingt-deux autres personnes ont été blessées, certaines par balle ou arme blanche, dont une se trouvait dans un état critique. Le ministre de l’Intérieur, Vagondo Diomandé, a précisé que ces incidents n’avaient pas eu « d’incidence majeure sur le déroulement du scrutin ».

L’événement reste d’autant plus sensible que les précédentes élections en Côte d’Ivoire ont déjà été marquées par de fortes violences : environ 3 000 morts en 2010 et 85 en 2020. Autour de ce scrutin de 2025, 44 000 membres des forces de l’ordre ont été mobilisés sur l’ensemble du territoire, et les manifestations du camp de l’opposition avaient été interdites en octobre, entraînant des centaines d’arrestations.

Dans ce contexte, la tenue du scrutin dans une relative tranquillité — malgré les violences enregistrées — ne suffit pas à dissiper toutes les inquiétudes : l’absence de candidats majeurs de l’opposition ainsi que des taux de participation faibles dans certaines zones confortent l’idée d’un scrutin à l’avantage du président sortant. Un scénario qui interroge sur la représentativité de cette élection, même si elle semble se diriger vers une conclusion sans second tour.



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