-
13:14
-
08:10
-
07:40
-
21:35
-
21:14
-
16:31
-
15:38
-
14:44
-
14:00
Suivez-nous sur Facebook
Suspension d’ONG en Tunisie : la société civile sous pression
Des voix s’élèvent en Tunisie pour dénoncer ce qui est considéré comme une attaque directe contre la société civile. Plusieurs organisations de défense des droits humains ont alerté, mardi, sur la suspension d’un nombre croissant d’associations, une mesure qualifiée de « tentative de démantèlement » du tissu civique du pays.
Parmi les organisations visées figurent des structures de longue date telles que l’Association tunisienne des femmes démocrates ou encore le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, connues pour leur travail sur l’égalité, les droits sociaux et l’accompagnement des populations vulnérables. Pour Bassem Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), ces suspensions visent clairement à « faire taire les voix indépendantes » dans un contexte où l’espace critique se réduit.
Depuis le coup de force institutionnel du président Kais Saied en juillet 2021, de nombreuses ONG tunisiennes et internationales alertent sur un recul des libertés. Plusieurs opposants, journalistes, militants et avocats sont en détention, souvent accusés de « complot contre l’État » ou poursuivis au nom d’un décret sur les « fausses informations », dont l’interprétation est jugée floue et arbitraire.
Selon des sources associatives, au moins 17 ONG ont été suspendues depuis l’été. Début novembre, c’est la branche tunisienne de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) qui a annoncé la suspension de ses activités. Les médias indépendants Inkyfada et Nawaat, piliers du paysage médiatique post-révolution, sont eux aussi touchés, a confirmé le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT).
Pour Zied Dabbar, président du SNJT, ces décisions s’inscrivent dans une stratégie globale : « Les médias et associations suspendus dérangeaient par leurs lignes éditoriales ou leurs positions. Il y a aujourd’hui une propagation inquiétante des discours de haine contre les opposants et tous ceux qui portent une parole critique. »
Le président Kais Saied accuse régulièrement certaines ONG d’être les relais de « financements étrangers suspects », citant des sommes « faramineuses » en provenance notamment des États-Unis ou de fondations internationales, qu’il considère comme une ingérence dans les affaires du pays. Des médias proches du pouvoir évoquent désormais des enquêtes visant des organisations accusées d’avoir reçu des fonds liés au milliardaire américain George Soros.
Pour de nombreux observateurs, la crainte d’une dissolution future de certaines organisations n’est plus théorique. La société civile, pourtant l’un des piliers de la transition démocratique née en 2011, se retrouve aujourd’hui sous pression, alors que l’espace public tunisien se resserre.