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Tunisie : un verdict allégé dans un procès inédit contre des humanitaires
Le premier procès visant des travailleurs humanitaires accusés de faciliter l’entrée illégale de migrants en Tunisie s’est achevé lundi avec des condamnations nettement moins lourdes que celles encourues. Mustapha Djemali, 81 ans, figure de l’humanitaire tuniso-suisse et fondateur du Conseil tunisien des réfugiés (CTR), ainsi que son collègue Abderrazek Krimi, ont été condamnés à deux ans de prison. Après près de vingt mois de détention préventive, ils doivent toutefois être libérés dès ce soir, a indiqué leur avocate, Mounira Ayadi.
Les trois autres employés du CTR poursuivis dans la même affaire ont, eux, été acquittés.
Un procès inédit sous fond de pressions
Les deux responsables étaient accusés d’avoir créé une organisation destinée à faciliter l’entrée clandestine de migrants et leur hébergement. Une accusation que leurs avocats ont contestée en rappelant que le CTR agissait dans un cadre légal, en partenariat exclusif avec le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), pour offrir un hébergement d’urgence aux demandeurs d’asile et aux réfugiés.
Pour la famille de Mustapha Djemali, ce verdict reste « injuste », même si la libération immédiate est vécue comme un immense soulagement. « L’essentiel est qu’il retrouve la liberté », a réagi Yusra Djemali, l’une de ses filles.
À l’audience, le fondateur du CTR, visiblement éprouvé, a défendu son action menée « depuis plus de quarante ans » au service des populations vulnérables. « Nous n’avons formé aucune bande, ni commis la moindre entente », a-t-il affirmé, rappelant que le CTR travaillait sous la supervision directe du HCR.
Un contexte politique de plus en plus hostile aux ONG
Ce procès intervient dans un climat marqué par un durcissement des politiques migratoires et une pression croissante sur les organisations de la société civile.
Human Rights Watch avait appelé, quelques heures avant le verdict, à abandonner « des accusations infondées » et à cesser la criminalisation du travail humanitaire.
Depuis 2021, plusieurs ONG tunisiennes et internationales alertent sur une régression des libertés, intensifiée après le discours du président Kaïs Saied en février 2023 dénonçant l’arrivée de migrants subsahariens. Les semaines suivantes avaient été marquées par des expulsions, des violences et des milliers de départs forcés vers les pays d’origine ou vers l’Europe.
Un dossier toujours sensible
Les arrestations de mai 2024, qui ont visé une dizaine d’acteurs associatifs, restent au cœur d’une mobilisation nationale et internationale.
Le procès des responsables de Terre d’Asile, dont la directrice Sherifa Riahi, doit débuter le 15 décembre.
Pour les défenseurs des droits humains, ces affaires témoignent d’un glissement préoccupant vers la criminalisation de l’action humanitaire dans un pays historiquement considéré comme un refuge dans la région.